Ce reportage a été effectué en 2008, donc avant le démantèlement de la Base aérienne de Sion, au profit de Payerne (2018). Il a pu être réalisé grâce à la bienveillance à mon égard du col Antoine Jacquod, alors chef de la Base, que je remercie chaleureusement.
Texte et photos: Maurice Gehri
Les «Troubleshooters » de la Base de Sion
Le F-A/18 Hornet des Forces aériennes suisses fait partie de la 19e évolution de ce type d’appareil dont le premier exemplaire a vu le jour en 1978. La Suisse en a acquis 34 et le dernier a été livré en 1999. L’appareil est bourré d’électronique, 32 ordinateurs, plus de 30 km de câblage et 18’000 prises électriques et capteurs, entre autres ! Il faut donc un certain nombre de spécialistes dans son entourage immédiat pour lui permettre de voler.
Le F-A/18 Hornet des Forces aériennes suisses fait partie de la 19e évolution de ce type d’appareil dont le premier exemplaire a vu le jour en 1978. La Suisse en a acquis 34 et le dernier a été livré en 1999. L’appareil est bourré d’électronique, 32 ordinateurs, plus de 30 km de câblage et 18’000 prises électriques et capteurs, entre autres ! Il faut donc un certain nombre de spécialistes dans son entourage immédiat pour lui permettre de voler.
Le terme de « troubleshooters » (TS) est appellation d’origine anglaise que l’on peut traduire par « dépanneurs rapides ». Ce sont en fait des mécaniciens d’avions au bénéfice d’une formation spécifique. Ils sont au nombre de cinq, qui gravitent autour des F-A/18. Tous reliés par radio avec le pilote, ils sont présents dans le hangar au départ et à l’arrivée de l’avion. Sans eux, pas de vol possible ! Ils doivent être aptes à intervenir rapidement à la moindre anomalie, signalée par un des 32 ordinateurs de bord, et sont reconnaissables à leur gilet qui comporte dans le dos la mention abrégée de leur spécialité
Les moteurs sont en route. Dès lors, le PC va effectuer une trentaine de contrôles, mécaniques et hydrauliques, principalement des commandes de vol. Il n’est pas en liaison radio avec le pilote et communique avec lui par gestes. Chaque signe correspond à une manœuvre bien précise que le pilote doit effectuer. Si tout est en ordre, l’avion est bon pour le vol. Ci-dessous quelque-uns des signes à titre d’exemple.
C’est le « Plane Captain » (PC), qui intervient le premier sur l’avion avant de passer le relais aux « Troubleshooters » (TS).
Le « Plane Captain » assure la préparation de l’appareil avant le vol. Son cahier des charges comporte une multitude de points qu’il serait fastidieux d’énumérer. Il s’agit de différents contrôles comprenant notamment la pression des pneus, les différents niveaux d’huile, contrôle des entrées d’air des réacteurs et tuyères, pour s’assurer qu’aucun corps étranger ne s’y trouve. Le PC fait également un contrôle visuel de l’avion en montant sur les ailes pour détecter une quelconque anomalie, telle fuite d’huile ou de liquide hydraulique. Il vérifie l’état de la verrière, enfin, il prépare la cabine avant la remise au pilote. Lorsque celui-ci arrive, le PC lui annonce l’état de l’avion, la configuration, (armement, etc.) en fonction de la mission et la quantité de carburant à disposition. Le pilote signe alors le formulaire attestant qu’il a bien pris connaissance des infos. Le PC aide ensuite le pilote à s’harnacher avant la mise en route des moteurs. Dès lors, le PC va effectuer une trentaine de contrôles, mécaniques et hydrauliques, principalement des commandes de vol. Il n’est pas en liaison radio avec le pilote et communique avec lui par gestes. Chaque signe correspond à une manœuvre bien précise que le pilote doit effectuer. Si tout est en ordre, l’avion est bon pour le vol.
Christian BADER
35 ans de service (2009)
Après une formation de base d’armurier, il a travaillé sur tous les jets en service dans l’armée suisse. Actuel chef TS, Christian Bader a été formé sur F-A/18 à Jacksonville/USA où il a suivi le cours de freinage (essai du réacteur au sol dans cellule anti-bruit) et le cours de base réacteur (AD) pour pouvoir ensuite former des mécaniciens. Il est actuellemt à la retraite.
Quel est le cadre d’intervention des TS ?
Chaque « Troubleshooter » n’intervient que dans sa spécialité. Il a une formation de base de mécanicien ou électronicien avions et a suivi sa formation spécifique sur une Base aérienne. Un enseignement dispensé par des collaborateurs formés à l’usine même, aux USA. Ses outils de travail :un petit carnet dans lequel sont listées les pannes les plus courantes, ses notes personnelles et surtout un « IPAQ ». Il s’agit d’un petit ordinateur de poche disposant d’une application spécifique, développée par les Forces aériennes, dans lequel sont répertoriés environ mille codes de pannes. Chaque TS est concerné par quelque 300 codes, des codes à trois chiffres, dont certains peuvent concerner simultanément deux TS. Le « Troubleshooter » sait, de mémoire, à quoi correspondent un certain nombre de codes, ceux qui reviennent régulièrement.
Lors d’une alarme le code affiché sur l’IPAQ fournit au TS le déroulement pas à pas des opérations à effectuer
Lorsqu’une anomalie survient, une alarme se déclenche et un code numérique s’affiche sur l’écran de l’ordinateur de bord de l’avion. Le pilote annonce aussitôt le numéro, par exemple : « 757 » Il s’agit en l’occurrence d’une baisse de pression d’huile dans le moteur droit. C’est le « TS AD » qui est concerné par ce code. Code rouge en l’occurrence qui signifie que l’avion ne peut pas voler. En première mesure il va sous l’avion et « reset » l’ordinateur de bord, opération qui souvent peut suffire à régler le problème. Si l’alarme persiste, d’autres vérifications sont opérées. Le « TS AD » peut alors consulter son IPAQ. Il va inscrire le numéro de l’alarme, 757 dans notre exemple. L’IPAQ va lui fournir le déroulement pas à pas des opérations à effectuer pour résoudre le problème ainsi que le numéro de la prescription d’usine. La documentation ( en anglais) régulièrement mise à jour se trouve dans l’un des nombreux classeurs rangés dans un bureau à proximité. Là se trouve le chef TS, en liaison radio lui aussi, qui aura donc entendu qu’il y a une alarme. Il va pouvoir aussitôt consulter son ordinateur ou la documentation écrite, pour déterminer ce qu’il y a lieu de faire afin de résoudre le problème de la panne 757. Le TS va ensuite indiquer au pilote les opérations qu’il doit effectuer et qui peuvent, selon le cas, prendre de deux à quinze minutes. S’il ne parvient pas à normaliser la situation, l’avion reste au sol et il est confié à la « REP » (atelier réparation). Il se peut que le problème signalé n’ait aucune incidence pour la mission fixée, c’est alors au pilote de décider s’il part ou non
Il arrive en outre que le pilote signale, via la tour de contrôle, une anomalie alors qu’il est en vol. Le TS concerné lui indiquera alors ce qu’il y a lieu de faire. Chaque panne fait ensuite l’objet d’un protocole.Au retour du vol, avant de couper les réacteurs, le pilote va signaler les anomalies qu’il aurait pu avoir pendant le vol. Le jour de notre présence sur place, aucun des quatre avions n’a eu à signaler le moindre incident. Dernière opération, le rétablissement de l’avion, il appartient au PC de le faire.
Spécialités des TS
TS AD réacteur et système carburant
TS AMH/S Hydraulique, structures et commandes de vol
TS AE Partie électrique et commandes de vol
TS AT Avionique, radio et radar
TS AO Armurier
Les cinq « Troubleshooteurs » sont subordonnés à un chef (chef TS) qui, à Sion, suit le déroulement des opérations par radio depuis un bureau situé au-dessus des boxes d’avions. Il dispose, sur support informatique et papier, de toute la documentation technique et des prescriptions en rapport avec l’avion. Il doit être en mesure de chercher rapidement l’information requise par l’un ou l’autre TS.